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Nous abordons ici ce qu’il convient d’éviter en tant que bénéficiaire d’un accompagnement individuel. Cela ne présume évidemment pas de l’infaillibilité du coach, mais les nombreux ouvrages sur les compétences nécessaires pour exercer ce métier documentent bien ce sujet. Nous nous intéressons donc ici aux stratégies plus ou moins volontaires déployées par nos clients au risque de faire échouer leur démarche de coaching. Il s’agit globalement de tout ce qui va permettre d’éviter les échanges authentiques dans une relation de confiance, moyen essentiel pour avancer dans l’exploration de la demande.

Rappelons tout d’abord une condition initiale indispensable : on s’engage dans un business coaching parce qu’on a une demande. Elle n’est pas forcément formulée précisément dès les premiers échanges, et peut évoluer au fil de l’accompagnement. Mais il y a au moins au départ une insatisfaction suffisante, ou une visée prometteuse, qui suffisent à prendre une décision de changement. Le processus de coaching n’est alors rien d’autre que l’accompagnement de ce changement dans la durée.

Une fois le voyage entrepris, tout ne va pas automatiquement se dérouler de façon harmonieuse. Pour une meilleure compréhension, nous avons regroupé les obstacles potentiels en trois familles. Nous verrons tout d’abord ce qui relève du processus global d’accompagnement, puis ce qui a trait à la relation entre coaché et coach, et enfin ce qui se rattache au contenu même des séances.

Coaching et processus d’accompagnement

Le coaching consiste concrètement à rencontrer son coach pour des échanges au cours de séances. Mais c’est en fait bien plus que cela. C’est un processus d’accompagnement et de changement continu, du début du contrat à sa clôture. Le but est de rendre le client coaché autonome dans la sphère concernant sa demande. La durée usuelle est d’environ six mois : comment changer quelque chose de majeur en quelques semaines seulement ? Et l’accompagnement peut durer jusqu’à un an environ  : comment changer en deux ans ou plus ce que l’on n’a pas pu changer en une année ? Le moment des séances est précieux car il amène le coaché à prendre des décisions pour lui. Et la période inter-séance l’est aussi car c’est là que s’expérimentent les décisions prises. Mais le processus d’accompagnement peut être fragilisé si le client :

  • ritualise la séance en reproduisant systématiquement le même schéma, se rassure avec une procédure et se cache derrière un masque pour jouer un rôle
  • arrive en retard, voire oublie de venir en séance, ou encore décale régulièrement les rendez-vous sous prétexte de priorités plus importantes
  • croit que le travail en séance suffit pour répondre à la demande, sans changer quoi que ce soit au quotidien
  • décide d’arrêter son accompagnement sous prétexte qu’il est réussi, mais sans avoir pour autant pris les décisions en lien avec sa demande

En résumé, est contre-productif tout ce qui va rigidifier le travail d’échange, ne pas laisser suffisamment de place à la spontanéité, à l’imprévu, à la vie… On retrouve ici l’importance du contrat de coaching initial, dans lequel des engagements sont pris afin de fixer des règles de collaboration claires.

Coaching et relation entre coaché et coach

Il est primordial d’établir une relation de confiance entre coaché et coach. Du point de vue du coach, cette qualité de relation se mérite et n’est en aucun cas « gagnée d’avance ». C’est au cours des premières séances que le début de confiance accordée à la signature du contrat peut se développer. Tant que ce sain rapport n’est pas installé, il sera difficile d’avancer efficacement. Cela arrive quand le client :

  • challenge le coach pour qu’il fasse mieux son boulot, mais sans apporter de matière ni s’engager vraiment dans l’échange
  • croit que son coach détient les réponses et attend de lui qu’il apporte des solutions toutes prêtes, se soumettant ainsi à son « pouvoir magique » (qui évidemment n’existe pas !)
  • tente de « charmer » son coach en lui donnant à entendre ce qu’il croit que ce dernier veut entendre

Il s’agit donc ici d’installer une relation saine, sans rapport de domination. Cette reconnaissance de pair à pair va permettre de laisser place à une réelle sincérité pour aborder les sujets importants, et ce dans l’intimité nécessaire.

Coaching et contenu des échanges

Une séance est réussie quand les échanges sont focalisés sur la demande et atteignent un niveau élevé. Attention, il ne s’agit pas ici d’une échelle intellectuelle. Ce qui compte, c’est seulement la pertinence des échanges et leur capacité à amener le coaché à la prise de décision consciente et choisie. Cela est par exemple vraiment difficile quand le client :

  • aborde la séance de façon extrêmement préparée, de façon à garder la maîtrise sur les échanges, « intellectualise » de façon pertinente mais sans laisser de place à la spontanéité
  • est généreux dans son discours, mais bavarde de façon superficielle plutôt que d’aborder les sujets de fond
  • au contraire, n’a rien à dire, répond aux questions de façon lapidaire, voire ne répond pas, reste passif
  • ne se connecte pas à son registre émotionnel, ou laisse entrevoir des émotions sur commande (rire jaune, par exemple)
  • défend des positions de principe sans toutefois les relier à des situations professionnelles réelles et à leurs conséquences

Les points ci-dessus sont de bons exemples d’absence d’authenticité. Or cette qualité d’expression est aussi un ingrédient indispensable pour avancer avec son coach.

En conclusion, un coaching réussi sera le fruit d’un processus garantissant la spontanéité, d’une relation sincère entre le coaché et son coach, le tout permettant de s’engager dans des échanges authentiques en vue d’amener le client à prendre de bonnes décisions suite à sa demande.

PS : merci à Edmond Marc pour son article « Le travail des résistances : entre psychanalyse et Gestalt », Gestalt 2002/1 (no 22), p. 49-68. consultable ici : https://www.cairn.info/revue-gestalt-2002-1-page-49.htm